girl-interrupted

Mon échappatoire

Lundi 11 octobre 2010 à 10:56

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La terre a tourné pour nous rapprocher ; elle a tourné sur elle-même et en nous, jusqu'à ce qu'elle nous réunisse enfin, dans ce rêve...

Mercredi 6 octobre 2010 à 23:17

Le paysage n'est qu'un décors planté, des affiches grandeur nature pour que le mensonge paraisse réel. Un voile sur les yeux je suis cadavre que l'on transporte pour le ramener à la vie. Mes joues sont humides, un liquide fin coule sans cesse, de son regard dans le rétroviseur elle me jette des coups d'œils furtifs, inquiets, je le sais mais ma souffrance est devenue tellement impossible à masquer. Ils savent maintenant, je n'ai plus à me cacher... "Ne pas la laisser seule". Ils m'ont laissé sortir, je revois cette psychologue m'interrogeant, mes mains se tordant d'angoisse, ne sachant que dire, son air inquiet "on se revois jeudi, pour faire un bilan de la semaine, d'accord. J'ai peine à parler, peine à voir depuis ce soir là, l'impression que chaque organe à l'intérieur de moi est brisé, déchiré, mais en fait il n'y a plus rien que le vide à l'intérieur de moi, comment leur expliquer ? J'abrutis mon esprit d'images télévisées, de sons afin de combler le vide. L'agitation autour de moi me fatigue, je m'étais habituée à ma solitude, ou bien à ma solitude à deux. Ici je en suis pas vraiment chez moi, mais quand me suis-je sentie chez moi pour la dernière fois ? Je ne sais plus très bien, d'aussi loin que je regarde, j'ai toujours eu l'impression de n'être qu'une passagère, où que j'aille... Même les couleurs d'automne me laissent indifférente, ce paysage de fond, ces rochers et ce fleuve, tout me semble irréel, je flotte je me laisse porter. Tout est si terne, même la beauté des lieux ne me transporte plus... J'ai perdu ma lumière...

Mercredi 6 octobre 2010 à 23:12

"Alors tu pense pouvoir rentrer aujourd'hui ?"

C'est lorsqu'elle m'a posé cette question que j'ai réalisé. Ce n'était pas anodin. C'est marqué dans le dossier, avec mon nom écrit noir sur blanc.

Rentrer n'était pas le bon mot. Sortir de là, mais rentrer chez moi m'est devenu impossible. Tous ces murs, tout ce vide. Les échos de joies passées, j'en cauchemarde, je ne peux pas retourner là. Pas tout de suite, mais ces murs blanc et cette lumière aveuglante, mes insomnies malgré les calmants, je ne pouvais plus non plus, je ne dormais pas, comme un corps mort, elle est morte, ce ne sont pas mes yeux qui voient, ce n'est pas ma voix qui parle. Elle s'est tuée à coup de déprime.

Et je me revois fantôme, errant dans la rue sous son bras "tu vas faire peur aux gens, ben voilà, elle a eu peur..."

Je ne veux pas qu'ils m'observent, mais de toute façon je ne suis plus là, je suis loin quelque part où je ne vois rien d'autre qu'une obscurité oppressante. Elle me porte presque, je ne veux pas aller là, ça ne sert à rien, de toute façon c'est trois fois rien, c'est ce que je répète à haute voix. Mais elle m'oblige. "Acte volontaire ?" Et voilà que je passe devant tout le monde, me voilà arrivée, des visages s'activent, je ne sens rien lorsque les infirmières frottent à coup de gants, rien des tonnes de désinfectants déversés, rien quand le médecin recoud, rien rien du tout que le vide... Je suis étrangère à ce corps meurtri et je me demande pourquoi toute cette agitation autour de moi... "Mauvais nouvelle madame votre fille va devoir rester, nous devons lui injecter un antidote au plus vite..." Je ne comprends pas, ce n'est pas si grave, trois fois rien. Mais cette dame en blouse blanche là me regarde sévèrement, me disant les risques que je cours, et me voilà dans ce lit, une nuit où le sommeil ne viendra pas...

"Alors tu pense pouvoir rentrer aujourd'hui ?"

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